The Illusion of Infinitesimal CD Baskaru
Pianiste de blues expérimentée, la montréalaise France Jobin a débuté sa carrière d’electro-acousticienne sous le pseudonyme de I8U en 1999. Elle a publié depuis une dizaine d’albums d’ambient music sur des labels prestigieux tels que Atak, Non Visual Object, Room40 ou Dragon’s Eye Recording. Elle a notamment collaboré avec Thomas Phillips et Martin Treteault et inventé un concept d’écoute en live basé sur l’exploration des sensations de l’auditoire appelé Immersound, pour lequel elle a reçu la reconnaissance du Conseil québécois de la musique en 2013. Depuis 2012, elle produit une musique toujours plus raffinée et exigeante, mais cette fois sous son nom de baptème. Après Valence chez Line en 2012, The Illusion Of Infinitesimal est paru en début d’année chez Baskaru.
L’oeuvre de la montréalaise impressionne par ses manifestations métamusicales. Sa puissance d’absorption révèle son affinité étrange avec la transe inductive. L’artiste, qui se joue constamment des lois de la perception auditive et des échelles de grandeur, évoque elle-même des liens organiques avec la physique quantique: de multiples concentrations focales font systématiquement apparaître des univers dissimulés sous les couches les plus apparentes du spectres sonore, dans un emboîtement qui paraît infini.
Ces deux univers se conjuguent constamment à l’intérieur des trois longues compositions de The Illusion Of Infinitesimal pour donner lieux à des évènements sonores particulièrement denses et abstraits: glissements tectoniques imperceptibles, formations d’ectoplasmes, diffractions harmoniques…etc. La musique de Jobinpasse ainsi aisément de l’ambient au minimalisme – voir à ses occurrences les plus extrêmes – et explose allègrement la frontière entre sonorités digitales et analogiques. Enfin, elle dépasse la dichotomie qui opposent bien souvent installations et enregistrements studio à proprement parlé pour proposer une expérience d’écoute inédite.
On est bien là dans quelque chose de total, mas qui, on s’en aperçoit très vite, masque en réalité l’essentiel: au-delà de sa haute technicité sonore et de la minutie apporté à la moindres de ses variations, la musique de Jobinculmine dans un ravissement de la conscience qui rappelle l’art d’Eliane Radigue ou les précieuses atmosphères des disques de Stars Of The Lid.
Mickael B.