Connue précédemment sous le nom de I8U, la montréalaise France Jobin sort désormais ses disques sous son propre nom. The Illusion of Infinitesimal est le deuxième du genre. Celle qui a créé le concept d’Immersound, c’est à dire un concept d’écoute pendant les concerts qui invite l’auditoire à l’exploration de sensations quels qu’ils soient, développe une musique ambient qui ne peut que s’écouter à fort volume si on veut percevoir tous les détails les plus infimes que France Jobin place astucieusement au gré de ses flottements sonores. L’infinitésimal donc. Mais où se trouve l’illusion de ce qui est infinitésimal ? En fait, ce que nous montre France Jobin c’est que ce qui est petit ou difficilement perceptible n’est qu’une vue de l’esprit. Pour percevoir ce qui semble invisible ou négligeable à l’oreille il faut que les conditions adéquate soient réunies. Cette notion d’immersion est alors indispensable et rien ne doit perturber la concentration nécessaire à son accomplissement. Et c’est à cet instant que l’on se rend compte que même ce qui est infime peut nous atteindre et nous émouvoir. La démonstration de France Jobin est, dès lors, éclatante et elle prend ici une signification toute particulière. En soi, France Jobin ne révolutionne pas en tant que telle la musique ambient mais elle lui donne des moyens de perception différents, une nouvelle approche en somme. Elle nous fait comprendre que jamais il ne faut s’arrêter à la surface de l’ambient et qu’il faut pour cela se donner les moyens afin de tout recevoir intégralement. Au lieu de se contenter des grandes allées, France Jobin nous incite à visiter ces alcôves que personne ne soupçonne. C’est une tâche qui demande de l’implication ce qui peut difficilement être dans l’ADN de tous. A une époque où la musique est devenu jetable et un produit qui ne dépasse rarement que sa valeur pécuniaire à court terme, celle de France Jobin est faite pour ceux qui n’ont pas cette écoute altérée et qui va bien au-delà des instincts les plus primaires. Il n’est pas certain que cela fasse l’unanimité.
Fabien Pondard