France Jobin
The Illusion Of Infinitesimal
BASKARU KARU:27 CD (2014) France
Nous n’avons jamais parlé de France Jobin sous son propre nom, mais nous suivions son travail depuis qu’on l’a découverte fin 2010 avec son projet i8u chez Dragon’s Eye Recordings. C’est donc un plaisir de la retrouver, cette fois chez Baskaru avec cet The Illusion Of Infinitesimal qui formait un trio avec les sorties simultanées des albums de Laurent Perrier (Plateforme #1) etYoshio Machida (Music From The SYNTHI).
Des trois albums publiés par le label français, c’est de celui de France Jobin que l’on se sent le plus proche, certainement pour son épure, son style minimaliste, sa simplicité pourrait-on dire aussi, oscillant selon les titres entre l’ambient, le drone, et la vague microsound, le tout s’étirant en moyenne sur des pièces d’une vingtaine de minutes. Il ne nous a pas fallu longtemps pour être conquis puisque l’on se fait immédiatement happer par les nappes limpides, à la fois claires et feutrées de -1/2. On perçoit tout de suite le minimalisme de la musique de la Canadienne, et une finesse qui se manifeste ici de façon étonnante, par de brèves sonorités, entre le glitch électronique et le tintement régulier d’une note de piano.
Cette première pièce surprend également par sa forme, avec une nette cassure, un changement de style au bout de 8mn qui nous amène vers un jeu de boucle ambient, feutrée et lumineuse, assez entêtante, qui contraste fortement avec la dernière partie qui allie un drone sombre et linéaire à des micro-tintements suraigus. Un final de toute beauté, précis et contemplatif.
Avec 0, France Jobin adopte une approche différente, amenant notamment ses évolutions plus en douceur. Superbe entrée en matière avec une douce boucle de basse, quelques nappes tronquées, mais surtout des cliquetis et ce qui nous fait penser au balancier d’une horloge. On sent le temps filer lentement, accueillant ensuite de nouvelles strates enveloppantes pour arriver à mi-parcours sur une ambient ample, aérienne. Celle-ci s’estompe sur le final et nous permet du même coup de retrouver les éléments de l’intro, subissant ici quelques effets de hachage et cassures.
+1 est à la fois le dernier et le plus long des trois titres qui composent cet album. Là encore l’approche est différente avec une introduction beaucoup plus difficile d’accès, abstraite, composée de micro-sonorités qui demanderont à l’auditeur de tendre l’oreille. Petit à petit ces expérimentations s’estompent au profit de cette même ambient, linéaire et minimale, étrangement relancée parfois par une sorte de tintement strident. Enchainement de nappes douces, minérales, qui ne cessent de prendre de l’ampleur avant une ultime montée d’une nappe/drone qui pourrait être produite par un violoncelle.
Douceur, minimalisme, apaisement et contemplation sont donc au programme de ce superbe album.
etherreal – Fabrice Allard – 31.01.2016